À NOS CHERS INSTANTS










Nos moments présents, si difficiles à vivre, à ressentir, ne seraient-ils qu’un rêve, une force inconsciente qui, libérée du contrôle de la raison, ne peut donc par définition n’être qu’une expression surréaliste ?
« Rien que le fait de prendre mon café dans un bol fait par ma fille, me transporte. Me concentrer pour retrouver un morceau de fruit de confiture au fond du café ou écouter ma femme croquer son pain sont des bonheurs qui me font savourer le délice de l’existence ».
Avons-nous des difficultés à nous situer dans le temps ?
Le temps est à la fois une notion et une invention très particulière. Lors d’un déjeuner dans notre jardin au soleil, on m’a demandé où se cachaient les lézards l’hiver. J’ai adoré cette question. Au-delà de ces moments essentiels de la vie simple avec les siens, c’est la seule réalité de l’instant qui compte et tout ce qui existait autour n’avait pas lieu d’être, rien avant et rien après, comme une phrase en suspension dans le vide. J’aime cette idée que nous sommes constitués de 99,99 % de vide, comme peut l’être n’importe quel atome. C’est ainsi que tout est vide, la matière, forcément la réalité, encore plus le temps…»
Qu’en est-il du passé ?
Le passé peut nous hanter tant nous trimbalons nos blessures comme un refuge toxique. Chacun fait du mieux qu’il le peut et apprend à composer avec. Notre ego par projection nous enferme en permanence dans le piège des illusions du futur, faisant facilement oublier que la seule réalité, si toutefois elle existe, est l’instant présent.
Je me souviens du moment quand le temps s’est suspendu. Le vide et le silence ont formé comme des parenthèses de la vie alors même que le vent et les oiseaux me rappelaient sa présence. C’est à cet instant que j’ai compris que la vie est un privilège. Puis, un jour, j’ai mis ma montre. Une routine s’est installée, puis j’ai oublié.