VISION PÉRIPHÉRIQUES













Au fil de mes déplacements, je me suis toujours interrogé sur ce que pouvait bien représenter l’espace à vivre de nos villes, lequel semble n’exister que dans le mouvement et le temps de ce mouvement. Espace ou non-lieu ? Le vivons-nous, l’habitons-nous ? Quels rapports sociaux suscite-t-il ? Pour quelles sensations ?
Pour raconter la recherche menée, j’ai réalisé trois séries – Paysages d’autoroutes, Visions périphériques et En allant vers le Nord – le produit d’un long voyage intérieur qui m’a inspiré une nouvelle photographique, Délit de fuite, paru en 2022, un récit en photos traduisant la fuite éperdue d’un personnage qui démarre dans le fracas du périphérique parisien.
Visions périphériques, manège géant qui déroule sous nos yeux notre progression urbaine et architecturale, comme un film en mouvement perpétuel, un anneau de toutes les tensions, sans attention, dessine notre façon d’habiter nos villes, en déplacement et en mouvement, rien ne s’arrête.
Visions périphériques se déroule donc sur le périphérique parisien, en voiture sans destination et aborde ainsi quelques villes du Grand Paris dans le temps et l’histoire, l’espace se déroulant sur soi-même à l’infini. De cette façon, la série nous offre entre autres, une lecture panoramique d’une partie de l’histoire de notre Grand Paris allant de la fin du 19e siècle à nos jours.
Aujourd’hui, en voiture ou à vélo, nous sillonnons de part en part notre ville-maison, peu importe l’échelle, à l’intérieur ou à l’extérieur, ce n’est qu’une question d’appropriation ; dans ses rues qui sont à la ville ce que les bronches sont aux poumons.
Notre Grand Paris, une des métropolisations du monde, est une métropole en ébullition qui se renouvelle sans cesse sur elle-même, nous existons dans ses veines, nous sommes son sang, tout tourne, c’est un grand manège dans lequel nous circulons. Loger dans notre métropole et son développement, c’est habiter des déplacements, en constante augmentation. La nécessité de parcourir la ville de A vers B et de traverser ainsi dans le présent ses vies, nos vies et ses histoires en mouvement perpétuel. Nous générons ainsi une succession de moments passés en allant vers l’avenir…